La terreur à Paris

PRÉFACE

et piqué sur les peuples pour marcher à la liberté ! »

Il y a une vraie crânerie dans ces lignes-là. Elles me rappelent un joli mot de Jules Vallès que lui-même me conta à Bruxelles, au temps qu'il était encore proscrit. Traqué par les troupes de Versailles, après la Commune, traqué dans Paris encore fumant et ne sachant comment en sortir, il s’en fut demander asile à un confrère du journalisme. Celui-ci, Prud' homme intempestif, lui commenca un chapitre de morale — Vous êtes un grand coupable, lui dit-il, et ne savez-vous pas qu'avec la plume aujourd'hui on fait plus de mal qu'avec la balle. — Alors, s'écria Vallès, faites-moi fusiller avec des plumes!

N'est-ce pas que le mot est un heureux commentaire à l’apostrophe enthousiaste de Lamaric. En matière de têtes, d’ailleurs, Marat n’était pas moins insatiable que nombre de journalistes contemporains en matière d’écus. J'ai toujours adoré la mélancolie de cette lamentation du Père Duchesne : « Il y a une année que cinq ou six cents têtes nous auraient rendus libres et heureux pour toujours. Aujourd’hui, il en faudrait abattre dix mille. Dans quelques mois, peut-être cent mille... »