La terreur à Paris
25 LA TÉRREUR A PARIS
La folie homicide, la soif du sang atteignent jusqu’à des têtes intelligentes.
Un jour, la Harpe, dans sa chaire, eut un accès de frénésie homicide. Qu'on juge de la stupéfaction de ses élèves quand ils virent leur professeur, coiffé d'un bonnet rouge, se dressantsur ses petits pieds, raidissant ses petits bras, les yeux étincelants d'une sainte indignation, se mettre à déclamer :
Soldats! avancez et serrez! Que la baïonnette homicide, Au-devant de vos rangs, étincelante, avide, Heurte les bataillons par le fer déchirés. Le fer, le fer, amis! il presse le courage, C'est l’arme dés Français, c’est l'arme du courage, L'arme de la victoire et l'arbitre du sort. Le fer, il boit le sang, le sang nourrit la rage, Et la rage donne la mort!
La Harpe subissait évidemment une atteinte de la névrose qui s’étendait à tout Paris.
N'avait-on pas vu en juillet 1790, des saltimbanques, se riant, en pleine foire Saint-Germain, des victimes de la journée du 14, mettre un cœur sanglant au bout d'une pique et chanter :
Non, il n’est point de fête, Quand le cœur n’en est pas.
A la suite de la fête de l'Etre suprême, la crise alla gagnant de proche en proche les personnages les plus considérables. C’est alors que Couthon,