La terreur à Paris

LES JUGES ET LES MASSACREURS 281

fabriquât des quillotines à quatre couperets et le cidevant abbé Morellet demandait que la guillotine devint une boucherie nationale *. On connaît l’histoire de Toulan qui, quoique jacobin, avait voulu sauver la pauvre reine. Il fut compris dans un procès où furent réunis vingt accusés, qui étaient étrangers les uns aux autres. Quinze de ces accusés furent jugés et exécutés, non pas dans les vingtquatre heures, comme l'ordonnait la sentence, mais, à l'heure même et au sortir de l’audience !

À ces magistrats de la Terreur, à ces justiciers, à ces magistrats de Paris, névrosés, détraqués, sanguinaires, qui ne croyaient à rien, qui n'avaient ni cœur ni entrailles, il me paraît bon d’opposer un magistrat de l’ancien régime, François de Paule d'Ormesson, premier président au Parlement depuis quelques années seulement,quand il mourut à Paris le 27 janvier 17189. Magistrat modèle, chrétien accompli, il partagèait son temps entre les devoirs de sa charge et l’exercice de sa charité. Ses pieuses munificences atteignirent pendant sa trop courte présidence un chiffre de 400,000 livres.

L'évangélique noblesse de ses sentiments se trouve tout entière caractérisée par le trait suivant :

Un matin se présente à son hôtel une femme en

4 Mémoires de Morellet. 16.