La terreur à Paris

PRÉFACE IX

et d'indignation inutiles à propos d'événements jugés depuis longtemps. Si quelque chose a prouvé la grandeur réelle de la Révolution c’est qu'elle ait gardé, comme beaucoup de grands nobles esprits, son prestige en dépit de cette orgie sauguinaire, de cet amas de crimes monstrueux, et que sa tête soit demeurée dans les nues, avec ce fleuve de sang aux pieds. Comme Suétone l’a fait pour l’histoire des empereurs décadents, celle de la Terreur doit s’écrire avec une impartialité parfaite, non pas en juge mais en auteur de mémoires. L'effet n’en est que plus terrible et plus saisissant.

Sur deux points seulement de.ce curieux volume, j'insisterai, cherchant ici des analogies entre les manies de ce temps et celles du nôtre, analogies procédant peut-être simplement d’un servile esprit d'imitation, faisant ressortir là que, dans cette tempête effroyable, deux de nos qualités nationales, deux vertus vraiment françaises, semblaient comme s'aiguiser, s'exaspérer : le courage et l'esprit.

Nos édiles auraient grand tort de se croire des inventeurs, quand ils débaptisent toutes les rues de l’ancien Paris pour leur donner des noms nouveaux. Ce fut une des fureurs du temps dont M. François Bournand nous parle. On y mettait

même plus de magnificence qu'aujourd'hui. Le l