La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 329

que les couvents devinrent les refuges habituels des fils et des filles de famille, chez lesquels le souvenir de leur vie mondaine restait souvent ineffaçable et plus encore, lorsque les bénéfices dévolus aux princes et auxgrands seigneurs favorisèrent le développement du luxe et des plaisirs 1. L’abbé commendataire était tenu de pourvoir aux aumônes, au service du culte, aux réparations, mais le plus souvent, pour satisfaire aux besoins de sa vie, il ne remplissait pas ces charges, économisait sur les prébendes de ses religieux, et laissait tomber en ruines les bâtiments dont il n’avait que la jouis sance viagère. Aussi, le nombre des recrues diminua ; les moines, obligés de défendre par des procès leur existence, se dispersèrent, et les monastères devinrent déserts. D’un autre côté, les prélats et les abbés, pour la plupart entrainés par leurs goûts à la cour, menaient une vie fastueuse, qui nécessairement amena la dépravation des mœurs.

De cette décadence, née au xr° siècle, et restée toujours vivace, il résulta, bien entendu, un discrédit qui atteignit l’Ordre tout entier, mais l’Ordre n’en continua pas moins à conserver, dans une grande mesure encore, la puissance morale et l'influence effective que lui donnaient ses immenses propriétés terriennes, ainsi que les fondations créées par lui, telles que l’enseignement, la

1. Laurin, l'Abbaye de Cluny.