Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 95

Robespierre se plaignit devant les Jacobins, que présidait Danton, qu'on critiquât le Comité au moment où il était accablé de travail et en butte à la haine des tyrans. Camille, voulant répondre, est interpellé de toutes parts avec vivacilé. Robespierre le défend alors à sa façon : il le loue ironiquement de son admiration pour Philippeaux, et termine en disant que Camille est un enfant gâté né avec d’heureuses dispositions, mais que les mauvaises compagnies avaient égaré. 11 demande qu’on le conserve aux Jacobins ; seulement ses derniers numéros du Vieux Cordelier seront brülés… — « C’est fort bien, Robespierre, réplique Camille, mais je te répondrai comme Rousseau: brûler n’est pas répondre! — Tu veux encore justifier de pareils ouvrages ! reprend Robespierre furieux. Apprends, Camille, que si tu n'étais pas Camille on pourrait bien ne pas avoir autant d’indulgence pour toi! » Danton s’interpose alors :.… « Camille ne doit pas s’effrayer des lecons d’un ami sévère... Citoyens, que le sang-froid préside toujours aux discussions des Jacobins! En jugeant Camille, craignez de porter un coup funeste à la liberté de la presse! » (7 janvier).

A la séance suivante, Robespierre tomba sur Fabre d'Églantine, qui ne lui ménagcait pas les épigrammes, et qu’il soupçonnait de mal conseiller Camille. Comme on discutait encore sur les articles de ce dernier: « J'invite la Société, dit Robespierre, à s'attacher à la conjuration et non à des numéros de journal; et je demande que cette homme, qu’on ne voit jamais qu'une lorgnette à la main, et qui sait si bien exposer des intriguesde théâtre, veuille bien s'expliquer ici; nous verrons comment il sortira de celle-ci! » Phrase sinistre! Le 12 janvier, Fabre d'Eglantine était arrêtésous l’inculpation