Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 99

le rapport qu'il a rédigé contre Danton. On est atterré, mais tout le monde signe, sauf Lindet, du Comité de salut public, et Rühl, du Comité de sûreté. Le lendemain, à six heures du matin, Danton, Delacroix, Pilippeaux et Camille Desmoulins sont arrêtés (31 mars).

Le bruit de cette arrestation se répand rapidement dans Paris, et cause une véritable stupeur. La Convention entre en séance. Legendre s’élance à la tribune : « Citoyens, s'écrie-t-il, quatre membres de cette Assemblée ont été arrêtés cette nuit. Je sais que Danton en est un, j'ignore le nom des autres. Je demande que les membres arrêtés soient traduits à la barre pour être accusés ou absous par vous. Je le déclare, je crois Danton aussi pur que moi... » Des murmures s'élèvent; mais Tallien, qui préside, maintient la paroleà l’orateur. Legendre continue l’apologie de Danton. Il craint que des haines particulières n’aient motivé son arrestation et renouvelle sa demande. Le Montagnard Fayau la combat et veut qu'on se fie au Comité. L'Assemblée devient houleuse. Robespierre arrive : & A ce trouble depuis longtemps inconnu qui règne dans cette Assemblée, dit-il, il est aisé de s’apercevoir qu’il s’agit ici d’un grand intérèt. Il s’agit en effet de savoir si quelques hommes aujourd’hui doivent l'emporter sur la patrie, si l'intérêt de quelques hypocrites ambitieux doit l’emporter sur l’intérêt du peuple français ! » (Applaudissements.) Il blâme ensuite ceux qui sont venus demander pour Danton üne sorte de privilège... « Non, nous n’en voulons point de privilèges! non, nous n’en voulons point d'idoles! »(Nouveaux applaudissements.) Ce qu’on réclame pour Danton, on aurait pu le réclamer aussi pour Brissot, pour Pétion, pour Chabot, pour Hébert lui-même... « Nous verrons si dans ce jour la Conven-