Le Comité de salut public de la Convention nationale

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tion saura briser une prétendue idole, pourrie depuis longtemps, ou si dans sa chute elle écrasera la Convention et le Peuple français! » 11 obtient la question préalable sur la proposition de Legendre.

Barère, qui vient ensuite, insiste de nouveau sur ce point que, permettre à Danton de venir s'expliquer, ce serait créer un privilège en sa faveur. Et comme si cela ne suffisait pas, Saint-Just parait à son tour: « Citoyens, dit-il, la Révolution est dans le peuple et non dans la renommée de quelques personnages. » L'amour de la patrie est tellement exclusif « qu'il immole tout sans pitié, sans frayeur et sans respect humain » à l’intérêt public. C'est pourquoi les comités l'ont chargé de demander justice « au nomde la patrie contre les derniers partisans du royalisme » ! Ces partisans du royalisme sont Danton et ses amis, auxquels, pour les perdre plus sûrement, on a joint des gens tarés et des étrangers. Il lance contre eux les accusations les plus invraisemblables, entremêlées de dissertations dogmatiques et d’aphorismes ; puis après une longue énumération de tous leurs crimes, il demande aux députés dela Montagned’avoir cette inflexibilité qui fera leur gloire dansl’avenir en les égalantaux héros de l'antiquité ; car, dit-il mélancoliquement, « le monde est vide depuis les Romains ! » Il fait décréter enfin qu'ils seront traduits au tribunal révolutionnaire (1).

Trainés au Luxembourg, où ils trouvèrent Hérault de Séchelles, Camille et Danton ne tardèrent pas à être transférés à la Conciergerie. Quand Danton entra sous la voûte « qu’on ne repassait que pour mou-

(1) Le rapport de Saint-Just était en partie composé d’après des notes fournies par Robespierre.