Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 105

l’organisation de l'assistance publique, et le socialisme d'État.

En matière religieuse, le pas fut plus décisif. Le 20 avril, Billaud-Varenne exposa à la Convention la nécessité d'agir sur l'âme nationale au moyen de l’instruction publique, non seulement « celle que l’on reçoit dans les écoles, mais surtout celle que l’on acquiert dans les réunions publiques, les sociétés populaires, les armées, par la parole, les livres, les journaux, le théâtre, les fêtes publiques et même les monuments élevés aux grandes actions », de façon à saisir « l'homme dès sa naissance pour le conduire à la vertu par ladmiration des grandes choses et l'enthousiasme qu'elles inspirent ». — « Que chaque action héroïque, ajoutaits il, ait son trophée, que chaque sentiment généreux soit célébré dans les fêtes publiques ! »

Billaud, on le voit, voulait développer les vertus civiques par un système méthodique de fêtes. Celles que l'on célébra en l'honneur de Bara et de Viala, et celles qui suivirent la reprise de Toulon surles Anglais étaient des applications de cette idée; le Recueil des actions héroïques concourait au même but (1). Il n’y avait pas là de préoccupationreligieuse : ilne fallaitguère en attendre de Billaud ni de la plupart de ses collègues, par exemple, de Collot d'Herbois qui disait: « Dieu a bien fait de se tenir invisible, car s'il se fût montré quelque part, je n'aurais pas manqué de le déclarer suspect! »

Mais Robespierre pensait autrement. Le 18 floréal

(1) Ge recueil, rédigé par L. Bourdon et Thibaudeau, était ré-

pandu à profusion : on l’envoyail aux armées, aux sociétés populaires et à toutes les écoles de la République; les instituteurs devaient le faire lire à leurs élèves, et on devait le lireen public les jours de décade (10 nivôse). Le Comité décida qu'il serait tiré 150.000 exemplaires de chaque numéro (18 pluviôse).