Le Comité de salut public de la Convention nationale

108 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

XV

Cette journée, si bien commencée et si mal terminée, devait engager Robespierre à s'emparer complètement de la dictature. Si l’on en croit Barère, Saint-Just l'y poussait depuis quelques mois. Le 26 février, reprenant uue tentative qui avait échoué quelque temps auparavant, Saint-Just avait fait décréter la formation de six commissions populaires, qui devaient vider les prisons des suspects qui les encombraient, en élargissant les uns et en envoyant les autres au tribunal révolutionnaire. Ce décret fut complété par celui du 15 avril, rendu aussi sur sa proposition; les tribunaux révolutionnaires des départements étaient supprimés, les conspirateurs du pays entier comparaitraient désormais devant le tribunal révolutionnaire de Paris ; e’était mettre toutes les existences dans la main de Robespierre. Que restait-il à faire pour établir une dictature absolue en faveur de cet homme qui dominait la Commune, laConvention, les Jacobins, la police et letribunal révolutionnaire ? Rien qu’une petite loi permettant d'atteindre les derniers opposants de la Convention et des Comités, les Bourdon, les Tallien, les Lecointre, qui l'avaient presque injurié à la fête de l’Être suprême, les représentants qui s'étaient couverts de sang dans leurs missions, et aussi ce Carnot, ce Barère, ce Billaud, ses collègues du Comité, qui l’éclipsaient par leurs services ou lui faisaient redouter leur hostilité (1).

(1) 1 songeait à enlever les rapports militaires à Barère