Le Comité de salut public de la Convention nationale

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HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 411

autorité avec une rare perfidie. Un certain Ladmiral ayant tiré sur Collot d'Herbois à défaut de Robespierre, et une jeune fille, Cécile Regnault, ayant été prise chez ce dernier et trouvée munie de deux couteaux, Barère vint informer la Convention de ces faits. Comme d’habitude, il en accusa les Anglais. « Ce sont ces mêmes Anglais et leurs complices en France, qui disaient jadis : le Comité du salut public aordonné telle mesure, comme si la représentation nationale était toute dans le Comité, et comme si la Convention n'existait pas! Ce sont ces mêmes Anglais et leurs partisans en France qui disent aujourd'hui: Robespierre à fait ordonner ; ou bien : les soldats de Robespierre ont pris telle place, comme si le Comité de salut public n'existait pas, et comme si le gouvernement était dans un seul homme! » Barère trahissait ainsi la facon dont on parlait de Robespierre à l'étranger et la place illégale qu’il tenait dans le Comité.

Le Comité de sûreté générale seconda Barère etessaya de ridiculiser Robespierre. Le grand bouleversement qui venait de s'opéreravait fortement ébranlé les imaginations. Tant de Catastrophes, de folies, de crimes et aussi degrandeur et d'héroïsme,aux yeux de certains mystiques, paraissaient présager des événements plus étonnants encore. La destinée de Robespierre, en particulier, n’était-elle pas étrange ? Le petit avocat d'Arras qui, trois ou quatre ans auparavant, était inconnu, Sans prestige d'aucune sorte, devenu le champion de la Révolution en face de l'Europe monarchique, le maître absolu de la France, le créateur d’un mouvement religieux, le dispensateur souverain de la vie et dela mort, — Un pareil homme avait en lui quelque chose de divin, Beaucoup le disaient tout bas. A Paris, une