Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 143

XVII

Une crise était devenue inévitable. On était arrivé, selon l'expression de Grégoire, « aux jours caniculaires de la Révolution » ! Robespierre voyait qu'il faisait fausse route, et qu'il y avait assez de sang versé. Il lui suffisait de se débarrasser de quatre ou cinq opposants des deux Comités et d’une vingtaine de membres hostiles de la Conveution, et après cette épuration, la dietature lui appartenait; il devenait le régulateur de la Révolution.

De leur côté, ses collègues du Comité étaient résolus à en finir. A la fin de messidor, ils firent prendre contre lui diverses mesures hostiles: les citoyens étaient prévenus que toutes les pétitions, demandes ou observations devaient être adressées au Comité et non individuellement à ses membres (1). Sur les réclamations du Comité de sûreté générale, le bureau de police fut supprimé, — ou plutôt réuni au Comité de süreté ; le Comité expulsa de Paris tous les hommes étrangers à cette ville : on éloignait ainsi un certain nombre de clubistes des départements, que Hermann avait fait venir pour répandre dans le public l’idée qu’un nouveau 31 mai était nécessaire, et seconder le zèle des partisans de Robespierre. Enfin, dans une grande réunion des deux Comités, Barère et Billaud dénoncèrent l'ambition de Robespierre : on trouva même plaisant ou habile de charger Saint-Just de rédiger un rapport sur la situation de la République(2). C’est par lui, sans doute, que

(1) 19 messidor an Il.

(2) Gest ce qu'assurèrent Collot, Billaud et Barère, dans leur réponse aux accusations de Lecointre.