Le Comité de salut public de la Convention nationale

11% LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Robespierre sut ce qui s'était passé au Comité, car il n'avait pas assisté à la séance. Quelques jours auparavant, lui et Couthon avaient fait, aux Jacobins, l’éloge du Comité, soit pour désarmer leurs adversaires, soit pour mieux dissimuler leurs desseins (1). Peut-être, en effet, Robespierre eût-il préféré obtenir de la pleine volonté des Comités cette dictature à laquelle il aspirait.

Ce qui semblerait le prouver, c’est la séance des deux Comités le 5 thermidor. Robespierre y assiste, avec tous ses amis. Il commence par se plaindre des lenteurs de l’action révolutionnaire... Au bout de quelques instants, silence embarrassé. Le Bas dit quelques mots sur la nécessité de la rendre plus rapide... Nouveau silence. Enfin Saint-Just prend la parole. Il parle des factions intérieures, de l'anarchie gouvernementale. « Cet immense désordre, dit-il, ne peut se guérir que par la concentration du pouvoir, l'unité du gouvernement, la force des institutions. » Il s'arrête —: «Parle, lui crie-t-on. Où veux-tu en venir ? » — « Je parlerai done, dit-il. La dictature est nécessaire, non la dictature du Comité de salut public, mais celle d’un homme qui joigne l'expérience révolutionnaire à l'amour de la patrie, qui soit vertueux, inflexible, incorruptible ! Cet homme, c’est Robespierre ! Lui seul peut sauver l'État. Je demande que demain les Comités proposent de lui confier la dictature ! » Stupeur! Couthon, David, Le Bas se joignent à Saint-Just ; mais les autres, sans oser s'élever contre la proposition, éludent la réponse.

On se sépara sans avoir rien décidé. En présence de cette résistance, Robespierre résolut d’accepter la lutte, mais d'agir prudemment. En ce qui concerne ses

(4) 4 thermidor an IT.