Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 115

collègues du Comité, Collot, Billaud et Carnot, — il croyait pouvoir compter sur lesautres, — il se bornerait d’abord à critiquer leur administration,puis, revenant à la charge, il obtiendrait leur élimination ; ce n’est que forcé qu'il eût demandé leur tête.

Il n’agit pas lui-même. Ce fut son ami Couthon qui alla raconter aux Jacobins que Carnot avait envoyé aux frontières une partie des canonniers de Paris; les Jacobins rédigent immédiatement une pétition qu’ils apportent à la Convention dans la séance du 7. La conduite du Comitéy était blämée d’une manière très vague; Carnot n’était même pas nommé, on se contentait de désigner son commissaire Pillé, qui éloignait de Paris les canonniers patriotes. Cette attaque, même indirecte, contre Carnot était maladroite en un moment où nos armées étaient partout victorieuses. Pour toute réponse, Barère, qui sortait d’une discussion orageuse avec Saint-Just, vint débiter, avec son emphase habituelle, un rapport dans lequel il comparait la situation de la République en juillet 1793 et en juillet 179%; il termina par une apologie du Comité et avertit l’Assemblée qu'un nouveau 31 mai se tramait contre elle.

Robespierre voit qu’il n’a pas de temps à perdre s'il veut terrasser ses ennemis. Le lendemain, 8, il paraît à la tribune de la Convention, et lit le fameux discours qu'il avait travaillé avec tant de soin, et mis deux nuits à apprendre par cœur, — d’abord apologie de sa conduite, puis flatterie à l'adresse de la Plaine, enfin réquisitoire violent et vague contre ses ennemis, les indulgents et les terroristes, les athéeset les corrompus, et Carnot et Cambon, et Barère qui décrit la victoire « avec une légèretéacadémique »,et les Comités de salut public et de sûreté générale. Il concluait en de-