Le Comité de salut public de la Convention nationale

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mandant que la justice continuât d’être sévère, que l’on épurût les Comités et que l'on fortifiât le gouvernement. Les attaques contre Carnot tombaient mal,car, au moment où il montait à la tribune, Barère en descendait et venait de rendre compte de la prise d'Anvers, qui entraînait la conquête de la Belgique. Traiter l'in tègre Cambon de Brissotin, d’aristocrate et de fripon n'était guère plus habile. Néanmoins, quand il eut fini son discours,écouté dans un profond silence, la crainte qu'il inspirait était telle qu’on l’applaudit, et sur la demande de Lecointre, de Barère et de Couthon, la Convention en vota l'impression! Robespierre triomphe.

Cependant, Vadier vient timidement défendre le Comité de sûreté; on l'écoute à peine. Maïs voiciCambon : avec sa fougue habituelle, et fort de son honnêteté, le financier républicain se défend : «Avant d’être déshonoré, dit-il, je parlerai à la France ! J'ai dénoncé toutes les factions quand elles attaquaient la fortune publique; toutes m'ont trouvé sur leur route... Cest l'heure de dire la vérité tout entière : un homme paralyse la Convention ! Cet homme, c’est celui qui vient de parler, c’est Robespierre ! » Cette virulente apostrophe réveille l’Assemblée, qui s’enhardit lorsque Robespierre s’abaisse jusqu’à répondre qu’il n’a pas attaqué les intentions de Cambon, mais seulement ses plans.

Billaud profite du revirement qui se produit. D'un ton véhément, il défend les actes du Comité, puis il s’écrie : « Il faut arracher tous les masques! J'aime mieux que mon cadavre serve de trône à un ambitieux que de devenir par mon silence le complice de ses forfaits ! » Et il demande que l’on rapporte le décret qui ordonne l'impression du discours de Robespierre.