Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 125

plus opportun d'agir quand on a délibéré. Possédant chacun une part du gouvernement, les Comités prennent souvent des arrêtés incohérents, contradictoires, parce qu'ils n’ont pas de point central où les opérations se discutent et se coordonnent. En un mot, il n’y a plus de gouvernement. Beaucoup le regrettent. Hoche, qui pourtant n’avait pas toujours eu à se louer du grand Comité, disait : « Ge gouvernement au moins était uniforme; on savait à qui entendre; aujourd'hui, l'homme de bien ignore quelle route il doit suivre. »

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Tout d’abord, on n'eut pas trop à en souffrir. Nos armées, guidées pendant plusieurs mois encore par Carnot, continuent leurs progrès, et facilitent l’œuvre de la diplomatie. Le Comité de salut public, au regard d'un juge compétent, ne fut pas trop au-dessous de sa tâche dans cette dernière fonction : « Par le jeu des renouvellements qui en faisaient sortir quatre membres chaque mois, et qui rendaient ces membres inéligibles pendant un mois, le Comité se modifiait continuellement. et les vacillations de l'opinion dans assemblée s'y réfléchissaient; mais comme tousles membres y restaient quatre mois, et que presque tous ceux qui en sortirent furent réélus, ils’y établit un fond permanent d'hommes et d'idées, une tradition de politique qui se transmit de soi-même des uns aux autres, enfin une sorte de consistance du tout, indépendante de l'instabilité des parties (1). »

(1) A. Sorel, l’Europe et la Révolution française, t. IV.