Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 129

de diriger. La Révolution est faite ; elle est l'ouvrage de tous. Quels généraux, quels soldats ont jamais fait dans la guerre ce qu'il fallait faire, et ont su s'arrêter où la raison froide et tranquille aurait désiré qu'ils s’arrêtassent? N’étions-nous pas en état de guerre contre les plus nombreux ét les plus redoutables ennemis ? Quelques revers n’ont-ils pas irrité notre courage, enflammé notre colère ? Que nous est-il arrivé qui n’arrive à tous les hommes jetés à une distance infinie du cours ordinaire de la vie ?... Le navigateur surpris par la tempête s’abandonne à son courage, à ses lumières, que le danger rend plus vives et plus fécondes en ressources, pour sauver le vaisseau qui lui est confié. Lorsqu'il est arrivé sans naufrage au port, on ne lui demande pas compte de ses manœuvres ; on n’examine pas S'il a suivi ses instructions. Quand il faut lancer fréquemment la foudre, peut-on répondre d'atteindre toujours le vrai but, et que des éclats ne s’écarteront pas de la direction donnée? La raison, le bien du peuple ne vous permettent pas de jeter les yeuxsur les ruines que vous venez de franchir ; n’envisagez que ce qui vous reste à faire; que la Patrie seule occupe vos pensées. »

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Ce langage, empreint d'une philosophie si humaine, fut applaudi par les Thermidoriens ; il ne les désarma pas. Quinze jours plus tard, le fougueux Legendre reprend les aceusations de Lecointre contre « les complices encore impunis de Robespierre », Barère, Collot et Billaud ;—et Merlin de Thionville propose denommer une Commission qui examinera leur conduite. Gette