Le Comité de salut public de la Convention nationale

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demande provoque un grand tumulte. Lorsqu'il s’apaise, Carnot réclame la parole ; il prie la Convention de ne pas le séparer de ceux qu’on accuse. Lindet parle de même. L'Assemblée commence à être ébranlée. Quelques paroles indignées de Bréard, demandant qu’on mette fin à une discussion aussi scandaleuse, produisent une vive sensation. La proposition n’a pas de suite.

Mais la perte des membres incriminés n’est que différée. Le mois suivant, tantôt à propos des mesures prises contre les Jacobins, tantôt à propos du rappel de 73 Girondins, on remettait le passé en cause. Tallien, rappelant le souvenir du 31 mai, parla un jour des hommes sanguinaires, représentants en mission, membres du Comité de salut publie, qui avaient rendu la Révolution odieuse, et il appelait la vengeance des lois sur leur tête. Lindet vint encore une fois, au milieu des interruptions les plus vives, défendre la conduite de l'ancien Comité lors de la révolution du 31 mai, qu’il estimait « fatale, nécessaire et heureuse » ! Cette affirmation souleva une telle tempête que, pour y mettre un terme, la Convention prononça la clôture de la discussion et passa à l’ordre du jour (1).

Les haines contre eux grandissaient. Billaud-Varenne ayant dit aux Jacobins :« On accuse les patriotes de garderle silence ; maisle lion n’est pas mort quand il sommeille, et à son réveil il extermine tous ses ennemis! » Bentabole dénonça ces paroles à la Convention. Tallien s’éleva contre ceux qui, le glaive de la loi suspendu sur leur tête,songeaient encore à ressusciter le système abominable de la Terreur. Legendre, furibond, attaque ces hommes que «l’Auteur de la nature devrait condamner

4 brumaire an II.