Le Comité de salut public de la Convention nationale

132 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Le 2 germinal (1), les accusés comparaissent devant la Convention; le procès commence.Lindet demande la parole : « Puisque vous jugez le gouvernement, dit-il, il faut le juger dans son intégrité. J'en ai fait partie depuis leeommencement jusqu’au 15 vendémiaire,etquoiqu’on m’excepte de l'accusation j'appelle sur ma tête la responsabilitéque je dois partageravec les prévenus, puisque j'ai partagé leurs actes ! » Et il glorifie le Comité, dont il rappelle l'histoire. Il a pris la parole à midi; à six heures, il est encore à la tribune, épuisé. Son frère, l'ex-évêque constitutionnel Thomas Lindet, termine la lecture de son courageux discours, qui provoque la colère de Lehardi, Isnard, Louvet ; le girondin Lesage demande même que Robert Lindet soit joint aux autres accusés : l’Assemblée n'ose pas aller jusque-là.

A la séance suivante, c’est Carnot qui vient défendre ses collègues. «Bien que j'aie souvent combattu les prévenus lorsque tout fléchissait devant eux, dit-il, je les défendraiaujourd’hui que chacun les accable. »Il montre qu’on leur impute non pas des dilapidations, des conspirationsoudes vengeances personnelles, mais des délits contre-révolutionnaires, « qui peuvent avoir été les produits d’une âme exaltée, du délire même de laliberté, ou les effets d’un torrent de circonstances qui n'ont pu être ni calculées ni maîtrisées ; il est alors de la grandeur du peupled’absoudre des coupables d'excès qu’ils n’ont commis que pour mieux le servir. » En outre, pourquoi les attaquer pour un discours plus ou moins violent, pour un acte ou deux sur plusieurs milliers? Si vous voulez être justes, vous devez les juger sur l’ensemble et sur les résultats généraux de leur action poli-

(1) 22 mars 1795.