Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 133

tique. Il termine ainsi : « L'expérience rend indulgent, citoyens, et sans doute, ceux qui ont mis la main à l’œuvre seront moins sévères pour leurs collègues que ceux qui ont pris une part moins directe aux événements ! » — Prieur (de la Côte-d'Or), à l'exemple de Lindet et de Carnot, prend aussi la défense desaccusés.

Le 4, la parole est donnée à Collot. Avecson éloquence théâtrale, il dit que c’est un étrange spectacle que celui de ces trois hommes qui ont combattu de toutes leurs forces pour le triomphe de la République, et qui sont aujourd’hui accusés d'avoir voulu la renverser; qui ont lutté quinze mois contre les tyrans de l’Europe, et qui sont accusés d’être des tyrans eux-mêmes ! « Les rois dégradés, humiliés par nous ne peuvent contempler notre situation sans un secret plaisir. Nous sommes poursuivis pour avoir servi la cause de la liberté : nous ne déshonorerons pas une si noble infortune !.…. L'ombre de Capet est là qui plane au-dessus de vous et qui anime nos ennemis |...» Il annonce qu'il répondra article par artiele aux inculpations contenues dans le rapport de Saladin.

En effet, dans les séances des 5, 6 et 7 germinal, Collot, Billaud et Barère se défendent. La chose est facile; car les actes qu’on leur reproche ont presque tous été approuvés parl’Assemblée. Aussi, quelquesreprésentants demandent que la procédure soitsuspendue et les accusés remis en liberté. Mais les trois Comités de gouvernement s’y opposent, et font décider que les prévenus Seront entendus tous les jours impairs, de dix heures du matin à cinq heures du soir, jusqu’à ce que la Convention soit suffisamment éclairée.

Cette nouvelle exaspère les Jacobins, qui, le 12 germina], viennent réclamer, d’un ton menaçant, « du pain,

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