Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 345

au Sultan la coalition de la Suède et du Danemark « comme un événement très probable et prochain », afin de le pousser à y adhérer lui-même. Les menées de la Russie, de l'Autriche et de la Prusse firent que le Divan, tout en protestant que la Porte n’oubliait pas sa vieille alliée, n’osa néanmoins recevoir officiellement notre envoyé (1).

Quelle politique le Comité entendait-il suivre à l’égard de la Pologne ? Un point des instructions de notre ambassadeur à Constantinople consistait à protester au nom de la Révolution contre le partage de la Pologne, qui fortifiait les ennemis de la Turquie. Mais, au fond, le Comité se disait que si l’Autriche, la Prusse et la Russie étaient occupées par le démembrement, elles négligeraient la lutte contre la France, et peut-être même arriveraient à se brouiller pour le partage des dépouilles. Il se disait aussi que, dans le cas où l'une des nations coparlageantes nous demanderait de sous crire à l’anéantissement de la Pologne, nous ne pouvions à aucun prix donner notre assentiment formel ct écrit; mais comme notre refus ne pouvait avoir d'effet utile puisque l'Angleterre n’était pas avec nous, mieux vaudrait, dans ce cas, « nous faire un mérite de notre silence ». Toutefois, en public, on ne faisait pas aussi bon marché de la Pologne : Barère déclarait à la tribune de la Convention que les Turcs et les Polonais trouveraient au besoin un appui dans la France (2). Le Comité espérait sans doute, par cette déclaration, amener la Russie et la Prusse à compter avec nous ; peutêtre même, en cas d’absolue nécessité, fût-il effectivement intervenu ; notre agent à Leipzig, Parandier, de-

(1) Mai 1793. (2) 7 mai 1793.