Le Comité de salut public de la Convention nationale

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vait même encourager secrètement les Polonais dans cette espérance.

XII

L'ancien régime attachait un grand prix à l’existence de bons rapports avec la Confédération helvétique. La Révolution y tenait encore davantage. L'hostilité d’un pays républicain eût produit un effet moral fâcheux ; à un point de vue plus pratique, elle eût fourni à l’Autriche et au Piémont un passage pour les troupes qu'ils dirigeaient contre nous. Or, les cantons catholiques avaient fort mal accueilli la Révolution ; les atteintes portées aux capitulations, le massacre des Suisses au 10 août et la dissolution des troupes helvétiques au service de la France nous aliénèrent aussi les cantons protestants. [l avait fallu l’energique attitude de Dumouriez et ses victoires ainsi que celles de Custine, pour éviter une rupture complète avec les treize Cantons.

La conduite du Comité était toute tracée : empêcher à tout prix la rupture ouverte, obtenir la reconnaissance de notre ambassadeur Barthélemy, préparer même une nouvelle alliance. De pareils résultats ne pouvaient être obtenus que par beaucoup de ménagements et de concessions; car la Convention avait eu beau manifester publiquement les sentiments de la France pour ses « frères et alliés (1) », et Condorcet leur écrire une belle lettre, ces avances avaient été froidement accueillies. Le Comité comprit que des satisfactions d'ordre positif étaient préférables. Les Suis-

(1) Octobre 1792,