Le Comité de salut public de la Convention nationale
LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 325
répond avec vivacité qu'il hait le peuple anglais, et qu’il ne reconnaitra la différence dont on parle que le jour où il verra ce peuple renverser « le tyran imbécile et les ministres qui le gouvernent ». Il ne tarit pas sur la perfidie des Anglais. Barère les déteste encore davantage. Les dernières lignes qu'il ait écrites, quelques jours avant sa mort, étaient dirigées contre eux. En 1794, il accuse le gouvernement britannique de faire c1lomnier le Comité, de favoriser les troubles de l'intérieur, d’inonder la République de faux assignats (1). Aussi ne ménage-t-il pas « le faussaire couronné »; le 2 thermidor, il attaque encore l’Angleterre et « son gouvernement néronien ». Sur la proposition de Couthon, son collègue du Comité, la Convention proclame solennellement Pitt ennemi du genre humain (2), et le désigne au mépris et à la haine de tous les peuples de l’univers. Défense fut faite, sous peine de vingt ans de fers, d'importer des marchandises anglaises en France; tous les Anglais voyageant sur le territoire de la République devaient être arrêtés et leurs biens confisqués (4). Sur la proposition de Barère, il fut décrété qu'on ne ferait plus de prisonniers anglais (4); enfin, pendant l'automne de 1793, le Comité combinait un projet de descente en Angleterre pour le printemps suivant; et la présence prolongée de Saint-André à Brest était motivée par cet objet.
(1) 6 prairial an II — 25 mai 1794.
(2) Garnier demandait même que l’on décrétât le droit de l’assassiner. (3) 18 vendémiaire anII.—Saint-Just voulait étendre cette mesure à tous les étrangers des nations avec lesquelles nous étions en guerre; mais il fallut faire de si nombreuses exceptions que l’on dut ajourner l'application du décret.
(4) 7 prairial an I, 26 mai 1794. — Ce décret, pris dans un moment de colère,ne fut pas exécuté.
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