Le Comité de salut public de la Convention nationale

596 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Cette haine, parfois puérile dans ses manifestations, s'explique cependant. C'était l'Angleterre qui en 1793 avait noué la formidable coalition qui avait failli écraser la France ; c'était elle encore qui, en 1794, ranimait l’ardeur expirante de cette même coalition. Ainsi, la Prusse ne demandait qu’à s’en retirer ; mais par la convention de la Haye (19 avril 1794), l'Angleterre l'y fit rester en lui accordant un subside mensuel de 1.250.000 francs pendant toule la durée de la guerre contre la France.

XVII

En somme, notre diplomatie oficielle était nulle. Aucun souverain ne recevait ouvertement les représentants de la République française ; à peine quelquesuns, — et non des plus puissants, — osaient-ils les accueillir à titre d'agents officieux d'un gouvernement de fait et non de droit. Mais le Comité n'était pas moins renseigné sur ce qu'il avait intérêt à connaître en Europe. Il avait une vingtaine d'agents secrets chez nos ennemis (Duckel à Londres, Stamaty à Hambourg, Parandier à Leipzig, Probst à Nuremberg, Schweitzer dansles Grisons, Venet à Lausanne, Rivals à Bâle, etc.). Des renseignements étaient aussi fournis par les révolutionnaires des pays voisins ou par de faux émigrés, sur les armements, les dispositions des troupes, l'esprit des populations. Dans le Piémont, le secrétaire royal Dufour recevait une pension du Comité de salut public, à qui il livrait les plans de campagne et la correspondance diplomatique avec l'Autriche ; à Gênes, à Florence, à Naples, des agents français s’abouchaient avec