Le Comité de salut public de la Convention nationale

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sa route un parti dont l’idéal politique était en opposition avec le sien. « La Commune, qui avait pour programme politique essentiel l'autorité absolue du municipe ct l'entière subordination, sinon la suppression totale de l'Etat, était ce qu’il y a de plus opposé au Comité de salut public et considérait sa transformation en gouvernement proprement dit, non seulement comme une violation des principes, mais comme une usurpation criminelle et une trahison (1). »

La divergence des vues entre la Commune et le Comité existait aussi pour la politique extérieure: les Hébertistes prèchaient toujours la propagande armée, tandis que le Comité avait dû revenir à des vues moins chimériques. Enfin, en matière religieuse, l’athéisme de la Commune se dressait en face du déisme du Comité et de son chef.

C'est par ce côté que les Hébertistes déplaisaient le plus à Robespierre. Il avait, comme on l’a dit, l'esprit prêtre; de son maitre Rousseau, il tenait une sorte de christianisme sentimental qui lui fit toujours ménager le catholicisme et les prêtres. Peut-être aussi se disaitil que la religion est un puissant levier, qu'il était impolitique d’exaspérer les catholiques par des farces qu’ils considéraient comme sacrilèges, et que ses projets ambitieux seraient favorisés par tous ceux que l’attitude de la Révolution à l'égard des catholiques et du clergé avait blessés. Robespierre était très mécontent de leur politique religieuse, — ou plutôt anti-religicuse, — et surtout de l'appui donné par la Commune à ce que M. Aulard a appelé le mouvement de déchristianisation de la France. N’avait-elle pas aboli les

(4) D° Robinet, Danton homme d'Etat.