Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 89

aux Jacobins son réquisitoire contre l’athéisme ; le 26, Danton le secinde en flétrissant à la Convention « les mascarades anti-religieuses (1)»; enfin Camille Desmoulin publie le Vieux Cordelier, hostile aux Hébertistes (2).

Après avoir ainsi préparé le terrain, Robespierre fit un long discours sur la liberté des cultès (5 décembre). La Convention décida que le Comité ferait un rapport sur cette question. Ce rapport, très long et très étudié, fut présenté par Robespierre ; il pouvait être considéré comme une réponse aux accusations lancées contre le peuple français, « que tous les gouvernements dénoncent à l'univers comme un peuple de fous et d’athées ». Comme conclusion, les autorités constituées étaient invitées à faire respecter la liberté des cultes, et il fallait s'occuper plutôt du salut de la patrie que de disputes théologiques. C'était une critique non déguisée de l’attitude religieuse de la Commune.

Robespierre ne s’en tint pas là. Le 17 décembre, Ronsin, ex-général de l’armée révolutionnaire, son adjoint Mazuel, et Vincent, secrétaire général du ministère de la guerre, tous Hébertistes, étaient arrêtés. Les accusations positives portées contre eux n'étant pas très graves, on les compromit en les mêlant à des étrangers suspects, tels que lAutrichien Proly; à des agioteurs arrêtés quelque temps auparavant pour leurs tripotages dans la liquidation de la Compagnie des Indes (Chabot, Delaunay) et à des généraux accusés de trahison (Gustine et Biron).

Le 20 décembre, Robespierre fit décider que les deux

(1) Voyant qu'elle avait contre elle Robespierre et Danton, la Commune prend peur, et rapporte son arrêté ordonnant la fermeture des églises (28 novembre).

(2) Les épreuves des deux premiers numéros furent même corrigées par Robespierre.