Le Comité de salut public de la Convention nationale

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Comités nommeraient une commission de justice pour rechercher les patriotes injustement arrêtés, afin de les élargir ; et comme le décret disait que, pour éviter les sollicitations, les noms des commissaires devaient rester inconnus, on pensait bien qu'ils seraient choisis par Robespierre. « Enorme accroissement à son influence! dit Michelet. Seul il allait tenir la clef des prisons ! » Pour peu qu'il inclinàt vers la clémence, comme l'y invitaient quelques-uns de ses partisans, comme le faisait espérer Camille Desmoulins dans le 5° numéro du Vieux Cordelier, « cet homme eût régné, malgré lui ».

Mais ses collègues Billaud, Lindet, Barère, Carnot et même Collot d'Herbois, revenu de Lyon, se coalisent pour lui faire échec. Barère, parlant de la proposition relative à l'élargissement des patriotes incarcérés, demande que la Commission chargée de ces délicates fonctions soit prise dans les deux Comités. Robespierre insiste pour qu'on s’en tienne au décret voté. Survient Billaud, qui attaque à la fois la proposition de Barère et le décret rendu sur la proposition de Robespierre : la Convention passe à l’ordre du jour sur la première et rapporte le second.

C'étaitune défaite pour Robespierre, que ses collègues avaient laissé seul. Pour mieux l’isoler etle démasquer, Barère avait même déclaré qu’il était, lui, l’organe du vœu des deux Comités réunis. Furieux de’cette hostilité, Robespierre fait alors un brusque mouvement vers les exagérés, et revient aux Hébertistes, que, la veille, il combattait. Cette évolution est annoncée dansle rapport qu’il présente au nom du Comité, sur les principes du gouvernement révolutionnaire. « La mesure de la force de ce gouvernement, dit-il, doit être l'audace et la perfidie des conspirateurs... » Ces conspirateurs sont de