Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 9

deux sortes : les uns affichent un perfide modérantisme, les autres une exagération dangereuse. .

Le 6 février, dans un nouveau rapport fait au nom du Comité, « sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l’administration intérieure de la république », il conclut que l'on doit continuer à appliquer une justice sévère -et rapide sans écouter les partisans du modérantisme et les fédéralistes, ni les fanatiques et les athées ou les citoyens du monde (1). La Convention décréta que ce rapport serait envoyé à toutes les autorités constituées, aux sociétés populaires et aux armées et traduit dans toutes les langues. — Robespierre était de nouveau le maitre.

Malade du milieu de février au milieu de mars, il fit revenir de l’armée du Nord son fidèle Saint-Just qui, au nom des deux Comités de salut public et de sûreté générale, donna le 26 février un rapport sur les personnes incarcérées. Avec plus de raideur encore que Robespicrre, il attaquait les deux factions opposées, qui, prétendait-il, s’appuyaient toutes deux sur l'étranger pour détruire la République ; il terminait en proposant diverses mesures que nous qualifierions aujourd’hui de communistes. Robespierreavait, du reste, fait de mème: ilsse plaçaient ainsi l’un et l'autre en avant des Hébertistes pour pourvoir les frapper.

Ils fournirent eux-mêmes le prétexte. Le froid, la disette, les longues stations à la porte des boulangeries

(1) Il faisait allusion à Anacharsis Cloots, à qui il reprochait, outre ses 200.000 livres de rente et son titre de baron prussien, ses idées extravagantes et son furicux athéisme; il lui en voulait surtout de s’intituler citoyen du monde et de se faire le défenseur du genre humain, « jamais celui du Peuple français, jamais celui de la Montagne » !