Le Comité de salut public de la Convention nationale

92 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

avaient exaspéré la foule. Aux Cordeliers, on voila d’un crêpe noir la Déclaration des droits (4 mars); Momoro, Vincent, Boulanger, Carrier parlèrent de s’insurger; enfin Hébert et Vincent attaquèrent le Comité (5 mars).

Le lendemain, Barère, fit décréter que le tribunal révolutionnaire informerait sans délai contre les auteurs des pamphlets, les alarmistes et les conspirateurs. On répandit le bruit que, avec l'appui de l’armée révolutionnaire, les Hébertistes voulaient s'emparer du pouvoir et conférer ladictature à un grand juge (Pache, disait-on). La Commune fut effrayée, et lorsque lesconjurés vinrent pour la soulever, le maire Pache était absent; le procureur Chaumette les recut très froidement. La masse de la Commune restait fidèle au Comité.

La défection des Jacobins était à craindre. Le soir même, Collot s’y rendit. Il fit l'éloge du Comité, flétrit ses ennemis, qui choisissaient, pour l’attaquer, le moment où il était affaibli par l'absence de Billaud et de Saint-André et parla maladiede Robespierre et de Couthon ; puis il flatta ‘les Jacobins en leur disant que le Comité avait confiance en eux pour « comprimer les agitateurs, les rejeter hors des rangs des patriotes, et, après ce sacrifice indispensable, continuer ses travaux et ses victoires. Il fautque vous nous souteniez ou que nous nous retirions ! s’écrie Collot. — Non, non, répondent les Jacobins, heureux d’être ainsi les défenseurs du Comité, ne vous retirez pas, nous vous soutiendrons! »

Fier de ce succès, Collot osa aller, le lendemain, au centre même de l’insurrection, au club des Cordeliers. Il réussit à rompre la glace du début, fut applaudi par la majorité, et obtint que le crêpe qui couvrait la Déclaration des droits fût enlevé. Les insurgés n'avaient plus