Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 93

poureux ni la Commune, ni les Jacobins, ni les Cordeliers ; «le géant, » Collot d'Herbois, les abandonnait ; Carrier prétendait qu'il ne s'agissait que d’une insurrection conditionnelle ; selon Hébert, ce n’était qu’une insurrection morale. Les exaltés, cependant, voulurent marcher ; mais lorsque, le lendemain, Ronsin parcourut les rues, appelant le peuple aux armes, personne ne bougea.

Le soin de les écraser fut confié à Saint-Just. Il lut un rapport « sur les factions et sur la conjuration ourdie par elles pour détruire le gouvernement républicain et affamer Paris ». 11 demandait que l’on füt infle xible pour les conspirateurs et qu'on les punit promptement (13 mars). Dans la nuit, Hébert, Vincent, Momoro furent arrêtés ainsi que le banquier hollandais Kock, ce qui rendait vraisemblable la supposition d'une conjuration avec l'étranger; on impliqua dans la même affaire Anacharsis Cloots, et quelques jours plus tard Chaumette fut arrêté (1). Le procès fut vite terminé : le 24 mars, Hébert, Ronsin, Momoro, Cloots, Proly et leurs complices, en tout 18 personnes, montèrent sur l'échafaud. Cloots mourut avec courage ; jusqu’à son dernier moment, il prêcha « Notre-Seigneur le genre humain » à ses compagnons. Hébert était anéanti, et la foule oublieuse railla et insulta celui qui l'avait cependant b... amusée. Il se lamentait, ainsi que Momoro, disant que la République était perdue. « La République perdue, répondit Ronsin, parce que quelques misérables individus vont périr! La République est immortelle ! Nos ennemis succomberont après nous, el la Liberté nous survivra à tous !» Cette foi superbe lui fit en-

(1) Fouquier-Tinville voulait englober Pache parmi les accusés. Le Comité s'y opposa.