Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

169 LE DRAME SERBE

— eût-il même du génie — trace un trait sur une carte et lance un ordre par télégraphe. Il faut encore, pour que cet ordre s'exécute, l'existence d'unités ayant à leur service des éléments nécessaires, tels que cavalerie, artillerie, cartouches. En ce temps-là, sur la Haute-Vistule, j'ai vu les cosaques, sans munitions, prendre contre les masses d'Hindenbourg, l'offensive à la lance.

Du Danube aux Alpes albanaises, j'ai suivi la retraite de Serbie. D'infranchissables montagnes séparaient une division d'une autre division. Nous étions sans liaison parfois d'un régiment à un autre régiment. Plus de voies ferrées, plus de télégraphe. Des courriers à cheval mettaient dix Jours pour nous porter un ordre. Du quartiergénéral du maréchal Poutnik — un pauvre quartier errant qui chaque jour devait changer de place! — on nous criait « Vous prendrez position dans telle ville ! Vous formez l'aile droite de telle armée ! Vous défendrez tel pont ! » Quand on arri-