Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

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toutes les pièces qui ne regardaient pas l'ennemi. Craignant à la fois un second retour offensif, et de nouvelles explosions (car il s’en produisait à chaque instant et on savait l'ouvrage miné), le général de Mac-Mahon divisa ses troupes; les réserves furent renvoyées dans leur camp, prêtes à marcher au premier signal : la 1 brigade prit position dans les parallèles les plus avancées, et, seule, la brigade Vinoy occupa la redoute. Quant au général de division lui-même, comme on voulait le dissuader de demeurer dans Malakoff, il répondit simplement : J'y suis, jy reste, et s'y installa avec son état-major pour passer la nuit au milieu de nous.

A dix heures, lacanonnade des Russes se tut brusquement. On croyait à une attaque de nuit, et les parapets furent garnis en un instant, mais aucun bruit ne se faisait plus entendre. Tout à coup un incendie éclata dans la ville, puis dix, puis cent; bientôt Sébastopol tout entier ne fut plus qu'un immense brasier. En même temps, les batteries ennemies, silencieuses depuis un moment, sautaient en l’air de tous les côtés, les Russes évacuaient la place et se retiraient par leur pont sur la rive Nord. Le siège était fini. Toute la nuit se passa pour nos soldats à contempler ce magnifique spectacle, et dans l'attente, qui fut heureusement vaine, de l’explosion de Malakoff.

A cinq heures du matin, tous les tambours et les elairons de la division, réunis au pied d’un immense pavillon tricolore arboré sur la Tour, firent entendre la diane aux derniers Russes, qui couvraient, dans le port, le pont et la mâture du Wladimir. Cette frégate y répondit par un coup de canon, et ce fut le dernier tiré de cette rive. Sébastopol était à nous, et la guerre enfin terminée. Elle devait avoir pour résultat le traité de Paris, signé le 30 mai 1856 par toutes les grandes puissances, et qui rétablissait définitivement l'équilibre européen, en maintenant hautement les