Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

106 LE GÉNÉRAL DUPHOT

Cet étrange marché fut accepté sans diseussion. Chacun, à vrai dire, y trouvait son compte : Julie qui, à la mine souffreteuse et tourmentée du cadet des Bonaparte, préférait la mâle beauté de l’ainé ; Joseph auquel cette combinaison allait permettre de se marier tout de suite, ce qui, dans les embarras d’argent où il se trouvait, paraissait être sa principale préoccupation ; Napoléon qui, en se réservant Désirée, s'était adjugé la part du bon. Julie, en effet, brillait plus par les qualités morales que par les charmes extérieurs. « Petite, dit Barras, couperosée au dernier point, aussi parfaitement laide et hideuse qu’on l’a vue depuis», elle n'avait, à vingtdeux ans, avec sa vilaine taille et son apparence maladive, « rien qui parlât aux sens, émüt l'imagination, agit sur l'esprit (1) ». Sa cadette, au contraire, moins bien douée qu'elle au point de vue de l'intelligence et du cœur, très romanesque, déjà coquette et futile

à dix-huit ans comme elle devait l’être toute

(4) F. Masson, Napoléon et sa famille, 1. 1, p. 9%,