Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

LE GÉNÉRAL DUPHOT 217

les Romains sont aujourd’hui dignes de vous; ils sont dignes de s'asseoir sur vos chaises curules, de délibérer au Forum (1). »

Il n’y avait qu'une ombre à ce tableau. Le Directoire avait espéré que le pape quitterait Rome volontairement à l'approche de l’armée française. Il n’en avait rien fait. Même maintenant, dépouillé de ses États, trahi par ses

cardinaux qui avaient osé célébrer à Saint-

(1) Moniteur du 7 mars 1798.

C'est sans doute à cette séance que se rapporte cet amusant passage des Souvenirs de la marquise de Créqui (t. VI, p- 1#4) : « On avait déposé dans la salle du Corps législatif le corps du général Duphot, lequel avait été poignardé dans les rues de Rome. Le cercueil était élevé sur une estrade au milieu de la salle qui était toute pavoisée de drapeaux tricolores; on fit des panégyriques interminables à la gloire du défunt et tous les législateurs défilèrent à tour de rôle en étendant la main droite sur le cercueil du général Duphot et en disant chacun avec l’accent de sa province : Il sera vengé! « — Je n'y comprends rien, disait une vieille dame qui se « trouvait dans la tribune, et j'entends: il sera mange! « Allons donc, citoyenne, lui répondit un jeune officier répu« blicain, manger le corps d'un général qui est mort en Ita« lie, il y a plus de trois mois! Comment peux-tu supposer « que des représentants du peuple soient capables d’une « pareille saloperie ?... » « — Monsieur, lui dit un émigré « avec un air et d'un ton foudroyants, ces gens-là sont capa« bles de tout! » Il s’applaudissait beaucoup de cette belle réplique et j'en ai ri toutes les fois-que j'y ai repensé. »