Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

262 LE GÉNÉRAL DUPHOT

triste cyprès dont l’aspect imprime dans nos âmes le sentiment de la douleur et l’image de la mort? Quels sont ces accents plaintifs qui succèdent aux chants de gloire et d’allégresse dont retentissent les airs? Et comment un crêpe funèbre a-til couvert tout-à-coup ces drapeaux resplendissans de tout l'éclat de la victoire, ces trophées que la grande nation présentait au respect et à l’admiration de l'univers ?... Ah! tout me dit que vous pleurez aujourd'hui ce guerrier généreux qui, après avoir donné tant de preuves de son dévouement à la Patrie, vient de périr victime du plus lâche, du plus atroce de tous les assassinats. Tout me dit que vous venez rendre ces tristes honneurs à sa mémoire, et que vos âmes brisées de la plus juste douleur viennent épancher leurs regrets sur la tombe de ce jeune martyr de la Patrie et de la Liberté. Et moi aussi, citoyens, je viens jeter quelques fleurs sur cette tombe vénérée ; heureux d’avoir été chargé par nos magistrats de vous parler des vertus du général Duphot, je vais remplir cette tâche si précieuse à mon cœur, et si ma faible voix ne peut célébrer assez dignement sa mémoire, du moins trouverai-je mon excuse dans cette touchante amitié dont il me donna les témoignages; dans cette amitié dont Le souvenir me sera toujours cher, et qui me donne en ce moment le droit de vous parler de lui.

À peine les tyrans coalisés menacçoient-ils la Liberté française, qu’on vit le jeune Duphot s’arracher du sein d’une famille qui le chérissait, pour voler à