Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

PIÈCES JUSTIFICATIVES 265

guerriers, au sein des arts et de l’amitié ; que dis-je? un autre sentiment augmentoit pour lui les charmes de ce séjour. L’amour y retenoit son cœur; l’hymen alloit l’unir à celle qui étoit devenue l’objet de tous ses vœux; il alloit prendre place dans la famille du guerrier pacificateur, du héros de l'Italie : quel plus beau jour pouvoit éclairer son bonheur! Mais, Ô douleur ! ce jour si désiré ne luira pas pour l’infortuné Duphot; l'autel de la mort remplacera l’autel de l’hyménée ; un gouvernement impie lève sur lui ses poignards; il va tomber victime des fureurs du fanatisme et de la royauté, ces deux monstres ne pardonnent point à qui se montra républicain.

Par la plus noire de toutes les perfidies, par la plus infâme de toutes les trahisons, ce gouvernement, violateur de la foi publique, va tendre luimême le piège abominable qui doit servir à assouvir ses vengeances; une révolte est préparée, le palais de l'Ambassadeur français est investi, des gens armés en occupent toutes les avenues, une soldatesque effrenée ose en violer l’enceinte, des furieux font entendre des cris qui annoncent leurs horribles projets, de vils stipendiés sont répandus dans la foule pour l’exciter au tumulte et à la violence. Déjà des coups de feu se sont fait entendre, des blessés et des mourans se trainent sous les portiques du palais, le désordre et la confusion s’accroissent, de perfides stylets frappent à l'envi les victimes désignées, le sang ruisselle, le carnage et la mort volent de toutes parts. Les militaires