Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

PIÈCES JUSTIFICATIVES 267

tourner leurs coups. Mais, à trahison! à peine est-il dans la mêlée qu’un soldat assassin dirige un coup de feu sur sa poitrine; il tombe et se relève en s'appuyant sur $on arme; il veut faire quelques pas, un second coup vient l’atteindre, il tombe expirant, le feu redouble, et non contente de cette lâche atrocité, la soldatesque en furie perce de cent coups de bayonnettes son corps inanimé... Cette victime ne suffisait pas pour apaiser la rage de ces brigands armés par le fanatisme; l'Ambassadeur et les Français de sa suite sont soudain poursuivis; vainement ils cherchent un asyle dans le palais de France, les cours et les avenues sont encombrées par d’autres scélérats de la même espèce qui faisoient un feu continuel sur tous ceux qu’ils reconnaissoient pour être citoyens français. L'intérieur du palais ruisselle de sang, les cadavres en obstruent le passage, des moribonds se traînent sur les marches, des blessés font entendre leurs cris lamentables, et au milieu de cet affreux massacre, tout présente l’image du crime, de la mort et du désespoir. Ah! que ce spectacle fut horrible et douloureux pour la jeune amante du héros si lâchement immolé! Qui pourra rendre les déchiremens de son cœur? Quelle est lPoreille qui n’entend pas ses cris perçans? Et dans quelle âme n’aurait pas retenti les accens plaintifs de cette amante désespérée?..

Cependant la troupe séditieuse et frénétique poursuivait le cours de ses abominables forfaits. L’un d’entre eux s’étoit saisi du sabre et du ceintu-