Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

268 LE GÉNÉRAL DUPHOT

ron encore teint du sang du courageux Duphot, et le portoit comme un trophée devant ses homicides compagnons; un prêtre s’étoit emparé de sa montre et, sur le champ même du carnage, on venoit d'élever au grade d'officier, le brigand qui le premier avait fait feu sur l’infortuné général. Atroce et fanatique gouvernement! il étoit digne de toi d’applaudir au plus exécrable de tous les crimes, et de décerner des récompenses à l’assassinat ! Le poison et le poignard, voilà les armes favorites du sacerdoce et de la royauté!

Cest ainsi que, victime de leurs fureurs, il est tombé à la fleur de ses ans, cet intrépide guerrier dont les talents et les vertus eussent suffi pour illustrer la plus longue carrière, ce jeune héros que la victoire, au milieu des batailles, couronna de ses lauriers et couvrit de son égide, ce généreux défenseur des droits du peuple, qui, après avoir vaincu tant de fois les phalanges ennemies, a succombé sous les sanglans couteaux de l'hypocrisie et de la trahison! Rendons un solennel hommage au dévouement de ses braves compagnons d’armes, qui, au milieu du feu continuel que les homicides soldats de Rome fesoient pleuvoir sur eux, parvinrent à enlever le cadavre de leur malheureux général; ils ne quittèrent le champ de massacre que lorsqu'ils se furent emparés du corps de ce brave guerrier, de ce corps qu'ils avaient vu naguères animé d’un si sublime héroïsme, et qu'ils voyaient en ce moment dépouillé, percé de coups,