Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

PIÈCES JUSTIFICATIVES 269

souillé de sang et en butte aux outrages d’une criminelle soldatesque; ils l’enlevèrent ce reste précieux, l’arrosèrent de leurs larmes et lui rendirent les derniers honneurs.

Comme eux nous venons célébrer sa mémoire, comme eux nous venons acquitter sur sa tombe ce pieux et sacré devoir. Braves guerriers dont les armes victorieuses se couvrent aujourd’hui du crêpe de la douleur, c’est à vous surtout qu’il appartient d’honorer le souvenir du héros que nous pleurons, et de jeter quelques fleurs sur ce triste monument. Vous combattites avec lui, vous partageâtes ses lauriers, vous le vites au champ de l’honneur, et vos regrets nous disent assez tout ce que la Patrie vient de perdre par son trépas. Je vous vois comme nous,

-impatients de venger ses mânes irrités. Pour que cette vengeance soit plus digne de lui, faisons-la tourner au profit de la liberté des peuples. Qu’il périsse ce gouvernement impie dont les crimes sont d'autant plus odieux qu’il les commande et les commet au nom même de la divinité; ce gouvernement monstrueux et pervers, qui, dans sa délirante ambition, veut embrasser à la fois le ciel et la terre, et retenir dans le plus humiliant esclavage la liberté religieuse, comme la liberté civile; ce gouvernement, la honte de la raison et de la philosophie, qui n’a pour base que l’ignorance, pour appui que la crédulité; ce gouvernement homicide, qui, pour accroitre son pouvoir ou assouvir sa vengeance, se sert tour à tour du fer et du poison et cimente du