Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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dont la faible épargne, qui pourrait être mise annuellement de côté, se trouve d'avance absorbée par de vaines _ futilités. _ Le principal vêtement masculin est la gougne, sorte de tunique à manches ajustées descendant jusqu'au genou et se plissant à la taille sous le pâss (ceinture). On l’'ouvre largement, de façon à laisser voir les broderies du djamadan (gilet) et aussi pour laisser les jambes libres. La gougne rappelle la tunique hongroise, et sa forme paraît remonter aux temps de l’ancienne Serbie où on la portait garnie de brandebourgs. Sa couleur blanche est essentiellement nationale ; chez les Hongrois elle est noire, et chez les vieux Serbes elle était souvent rouge et en velours. Pour les gens aisés, la gougne est généralement confectionnée avec un drap très-fin ct très-cher, fabriqué à Vienne; les gens du peuple la font en drap grossier et quelquefois simplement en étoffe de coton. La gougne ordinaire, en beau drap, vaut de 75 jusqu'à 125 francs; mais son prix augmente beaucoup par l’'adjonction des broderies d’or. Une gougne de drap vert, richement brodée, comme on en voit quelquefois porter par fantaisie, peut atteindre le prix de 1,500 fr. Malgré tout le respect que ce vètement mérite à raison de son origine, on doit reconnaître qu’il est incommode et antihygiénique, les manches en étant trop étroites et la façon dont il est revêtu découvrant toute la partie antérieure du corps; mais il a au moins l'avantage, comme le reste du costume, de laisser le cou complétement dégagé et libre dans tous ses mouvements.

Sous la tunique se porte le djamadan, sorte de vaste gilet qui se croise largement sur la poitrine et qui le plus souvent est enrichi de broderies d'or ou de soutaches