Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 167

premier pistolet qui de bonne heure remplacera pour eux tous les jouets de l'enfance.

La strouka, commune aux deux sexes, est une écharpe de laine brune de 2 mètres de longueur sur 80 centimètres de largeur, dont les extrémités se terminent en longues franges qui donnent une apparence très-élégante à ce vêtement montagnard qui rappelle exactement le plaid des Écossais. La strouka se tisse dans les familles, et sa valeur moyenneest de cinq talari; c'est un objet de première nécessité pour le Monténégrin. Été comme hiver, il ne saurait s’en passer dans ses voyages, car, suivant le cas, elle le garantit de la pluie, du vent et du froid; elle remplace aussi fréquemment pour lui le matelas, la couverture ou l'oreiller.

Aussi le proverbe dit : S'il fait beau, s'il fait mauvais,

prends ta strouka ; tu coucheras dessus ou dessous.

La botte et le soulier sont remplacés au Monténégro par l'opanké, sandale dont l'usage se retrouve sur divers points de la presqu'ile des Balkans. IL n’est besoin d'aucun artisan pour confectionner cette chaussure nationale dont notre mollesse s'accommoderait bien difficilement. Pour fabriquer l'opanké,. il suffit d'un morceau de cuir non fanné que l’on faille sur la formé du pied et toujours un peu plus long et un peu plus large que ce dernier, de telle façon que la pointe et les côtés relevés garantissent mieux les orteils contre les aspérités: du rocher. Tout alentour de cette semelle on perce une série de trous rapprochés, à travers lesquels on passe un premier cordon de cuir formant une bordure à la sandale et lui donnant déjà une forme semi-concave. Les bords de la moitié antérieure de la chaussure sont alors réunis pär un lacis tressé avec un semblable cordonnet de cuir,