Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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lacis constituant une sorte d'empeigne à jours très-réguliers ; enfin des attaches analogues, partant des bords de la moitié postérieure de l'opanké, viennent se croiser plusieurs fois et s’enrouler autour de la partie inférieure de la jambe et fixer solidement la chaussure. j

Cette sandale, ainsi ajustée, est pointue et relevée à son extrémité antérieure à la facon d’une babouche; bien ” chaussée elle ne manque pas d'une certaine élégance. La valeur d'une paire d’opanké est de quatre swantzigs et à elle peut durer trois mois; mais généralement son usage 1 est beaucoup plus prolongé, car, hommes et femmes n'hésitent pas à marcher nu-pieds pendant les longues routes pour économiser leurs chaussures; c'est une précaution qu'ils ne négligent pas surtout quand il pleut, l'humidité étant une cause de détérioration rapide des opanké. Aussi le proverbe monténégrin dit très-judicieusement : « L'opanké s'use pour toujours, mais la plante des pieds repousse. » | L

Ce n'est point seulement au Monténégro, mais el Dalmatie, en Bosnie, en Herzégovine et en Serbie même, où certaines {roupes en sont pourvues, que l'usage des opanké est répandu.

Cette chaussure primitive donne au montagnard une solidité extrême et une sorte d’élasticité sur les rocherss,s à travers lesquels il s’élance, léger et silencieux commen le chamois, ne laissant entendre que le cliquetis acc. dentel de ses armes. Que de fois, suivant un sentier qui nous semblait tout à fait désert, ne nous est-il paf arrivé, en nous retournant, d'apercevoir chemivant tranquillement derrière nous un Monténégrin qui, der puis de longs instants peut-être, nous servait de comp” gnon de voyage, sans que le moindre bruit de pas nous