Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 169

eût révélé sa présence. L'étranger qui tenterait de chausser la sandale monténégrine se trouverail puni de sa de courageuse lentative, car à travers ce faible obstacle les 4 aspérités de la pierre lui déchireraient bientôt la plante H des pieds. Pendant l'insurrection des bouches de Cattaro, ; en 1869, on voulut donner aux troupes destinées à escalader les hauteurs imprenables où étaient retranchés les _ Krivosiani la chaussure des montagnards, mais l’expé… rience démontra bien vite la folie d’un pareil essai, qu'il fallut abandonner sous peine de réduire à l'incapacité Les régiments dont on disposait. Ce n'est, en effet, que par une longue accoutumance, remontant à l'enfance ellemème, que la plante des pieds peut acquérir le degré de — racornissement compatible avec le port des opanké.

& La chaussette ou tharap en usage dans Le pays, et dont le tricotage avec de la grosse laine est une des principales occupations des femmes, soit en route, soit à la maison, est ouverte sur le côté et plus ou moins enjolivée sur ses

bords; on la ferme au moyen de quelques petites agrafes, et c'est sur elle que viennent s'enrouler les lacets de l'opanké. On ajoute souvent aux tcharappé des mazouvisé où bouts de chaussettes destinés à mieux protéger les orteils et à combler le vide qui peut exister entre la _asemelle et les lacets de la sandale. Une partie encore très-importante du vêtement mon” ténégrin est la guêtre, ou plutôt molletière de gros feutre ou d'étoffe grossière de laine, souple et résistante, et nommée dokohénitsé. Taillée très-exactement sur le modèle même de la jambe et soigneusement confectionnée, elle s'étend du genou jusqu’à la cheville du pied, mainlient fortementles muscles du mollet, leur sert d'appui et

facilite grandement la marche. Fermée sur le côté par 10