Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CINQUIÈME. 171

{ations de nacre et qui portait alors le nom de djeverdar, arme très-luxueuse, qui valait jusqu'à quarante ducats. Le fusilordinaire, à canon long, et mince est le chichana ; Je fusil court à gros calibre, ou tromblon, est appelé chtouts.. Ces deux armes vulgaires ne valent guère plus de trois ou quatre ducats. Le montagnard tsernogortse, très-bon tireur, à compris bien vite toute la valeur de nos carabines et surtout celle du fusil à aiguille. Ce dernier n’a été remis qu'aux individus ayant fait leurs preuves et capables d'en tirer tout le bénéfice possible, l'état des finances du pays ne permettant point de brûler inutilement une seule cartouche.

À part un certain nombre de fusils emmagasinés sur quelques rares points du pays, chaque combattant conserve son arme à la maison, l’entretient, et souvent l’emporte fièrement en voyage, de telle sorte que l'étranger prend souvent pour un soldat en service un paysan qui s'en va tranquillement au village voisin régler ses petites affaires.

Le handjar ou nôje complète l'armement du Monténégrin; c’est plutôt un long poignard à double tranchant à son extrémité qu'un sabre proprement dit. Sa longueur est de 65 à 70 centimètres, sur lesquels 12 appartiennent à la poignée qui, le plus souvent, est faite de l’extrémité mférieure ou condylienne d’un fémur de bœuf. C'est du reste la forme de ces éminences osseuses, séparées par une forte échancrure, qui sert de type à la poignée du handjar, quand elle est en métal plus ou moins précieux et ciselé. La valeur d'un handjar se base sur la qualité de la lame et sur son antiquité, aussi bien que sur la richesse du fourreau et de la poignée, et enfin sur la réputation qu'il peut avoir. Quelques-unes de ces