Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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du jour. C'est alors un échange incessant de politesses dont les formules varient suivant l'heure du jour !, puis des embrassades réitérées avec les amis ou les étrangers qu'il revoit *. De longues conversations s’entament, dans lesquelles se multiplient les détails et les redites; des cercles se forment, et souvent un orateur se charge à lui seul de tous les frais d’éloquence. Le Monténégrin se passionne promptement du reste pour un sujet quelconque, et, à ses exclamations répétées, bog a mi, bog ati, bog stôbom, vous vous imagineriez souvent, mais à tort, qu'il a un intérêt particulier dans l’objet de la

1! Au matin, c'est dobro ioutro (bonne matinée), ou dobar dün (bonjour) ; à midi, ce sera pomaga li bog (que Dieu t'aide) ; plus tard enfin, dobro vetché où dobra notche (bonsoir ou bonne nuit), suivant l'heure plus ou moins avancée. Celui à qui s'adresse un salut répond ordinairement : Dobra ti sretchia (à toi bonne félicité) .

Les Monténégrins s'interpellent toujours par leur nom de baptême et se tutoient constamment entre eux; les anciens du pays ne font pas même exception à l'égard de leur prince, Il est pourtant d'usage aujourd'hui de dire à un personnage respectable : gospodine (monsieur), et à une femme de la haute classe : gospodia (madame). On dit généralement au prince : gospodar (seigneur) ou swielli gospodarou (éclatant seigneur), et en lui écrivant : vacha svetlost (votre splendeur) ; de même à la princesse : knéginiô (princesse) ou svietla néginid (éclatante princesse). Pour compléter ce que nous avons à dire des formules de politesse, ajoutons qu'en parlant d'un individu, on même en s'adressant à lui dans une compagnie, il est souvent insuffisant de le spécifier par un simple nom de baptême; pour éviter la confusion on ajoute alors à son propre nom le nom de baptême de son père. On dira ainsi : Stanko Juro (Stanko fils de Juro); pour désigner une fille on ajoutera également le nom du père : Milena Petrowa (Milena, fille de Pero) ; pour une femme, le nom du mari Maria Djurowa (Marie, femme de Juro), Darinka Danilowa (Darinka, femme de Danilo). Ces dénominations sont sujettes à confusion, car Jéléna Stankova, par exemple, peut signifier à la fois : Hélène, femme, ct Hélène, fille de Stanka.

2? Les égaux s'embrassent bruyamment une ou plusieurs fois sur la bouche, en ôtant réciproquement leur kapa; l'inférieur baise le côté droit de la poitrine ou l'épaule du supérieur; on baise la main ou même le vêtement au prince, à la princesse, aux membres de leur famille, au métropolitain du Monténégro (»ladika).