Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

192 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

salés et famés. Volontiers on fait précéder le repas d'une libation d’eau-de-vie, et, s’il y a des fruits, on les mange avant de se mettre à table. Le dessert est tout à fait inconnu, mais l'usage du café est presque général. Et pour que l'on ne s’exagère point le bien-être du montagnard , disons que ke modeste festin que nous avons vu servir est celui de la classe relativement riche du pays : du pain de maïs et quelques pommes de terre, ou bien du lait caillé dans les pays de pâturages, constituent tout le luxe du pauvre et souvent même des gens de la classe moyenne.

L'habitude de la sieste après le repas est très-répandue chez les Monténégrins, et les travailleurs éux-mêmes y manquent rarement; aussi ce n’est que vers le milieu de l'après-midi que les rues de la capitale, où nous nous supposons, reprennent leur mouvement et que recommencent les promenades des oisifs.

L'usage étant de marcher en ligne, souvent sept ou huit individus occupent ainsi toute la largeur d’une rue, s'avançant, se retournant aussi mathématiquement que pourrait le faire un front de soldats à l'exercice. C’est aussi l'heure de la sortie du sénat et celle où le prince se montre, entouré de ses gardes et suivi par la multitude.

Pour tout Monténégrin d’un rang un peu élevé, c'est le moment de se faire voir dans tout son éclat.

Le jour finit, mais avec la nuit qui s'approche vont commencer les heures de la veillée, si chères aux montagnards. de quatre à huit jours, après lesquels on les suspend en longues files audessus de l'âtre, où la fumée ne tarde point à donner à la viande des qualités solides de conservation ; mais celte viande étant insuffisamment salée reste excessivement fade, et il faut être Monténégrin ou Dalmate pour en faire son régal.