Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE HUITIÈME. 257

Du reste, le lion de Saint-Marc montre partout encore sa face terrible sur les vieilles murailles, auxquelles les nombreuses additions faites par les Autrichiens n’ont pu enlever le cachet des œuvres immortelles de la puissante république.

Du côté opposé à la mer, on trouve, en sortant de la ville, un grand ravin souvent transformé en torrent par les pluies 'diluviennes qui, à l'automne surtout, inondent sans relâche Cattaro pendant des mois entiers. Là est aussi l'emplacement du marché monténégrin, directement situé au pied de la fameuse scala, dont les soixante-treize lacets se développent le long de rochers perpendiculaires jusqu'à la frontière du Monténégro. Les gens de ce dernier pays viennent en armes au marché, tels qu'ils sont toujours chez eux; mais pour être autorisés à circuler dans la ville, ils doivent consigner au poste autrichien les pistolets et les handjars. Les hauteurs abruptes couronnées par la citadelle, qui s'étendent à droite de la scala, semblent en quelque sort appartenir à la montagne qui les domine; mais en réalité, elles en sont séparées par une échanerure étroite dont la profondeur considérable est augmentée encore de toute la hauteur des grandes murailles de la forte- . resse,

L'aridité des rochers, l'aspect terrifiant de l’hémicyele montagneux qui forme le fond des Bouches, contrastent singulièrement avec les maisons souriantes de Cattaro, aux loifs rouges, aux terrasses fleuries, et avec les longues lignes de platanes, de peupliers et d’acacias qui entourent la petite cité. Devant la porte de mer, beau travail vénilien, où se dresse une tour curieuse, s'étend la délicieuse promenade où chaque soir les Cat-