Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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tous les droits et pouvoirs spirituels dont les patriarches de Serbie avaient joui jusqu'alors, et en second lieu l'apparition au Monténégro de l’un de ces faux Pierre II de Russie qui, de 1766 à 1772, tentèrent de ressuciter la victime de. Catherine Il.

STIEPAN MALI.

Vers la fin de 1767, on signala dans les bouches de Cattaro la présence d’un certain Stiepan Mali (Étienne le petit), surnommé l'Empereur, qui prétendait être le vrai Pierre HT, époux infortuné de Catherine. Cet individu, deux années auparavant, avait traversé tout le Monténégro, sous le masque d'un médecin, s'initiant aux habitudes et aux idées du pays, et s’assurant de l'attachement que le peuple avait pour la Russie. De là il alla s'établir dans la commune de Mainé, près de Budua, chez un certain Vouko Markovitj auquel il finit par avouer, après de nombreuses réticences, qu'il était le tsar Pierre HI. Le capitaine de Maïné, Marco Tancovitj, qui avait été lui-même en Russie avec le feu vladika Vassili, et dont l'attestation était ainsi de plus grande valeur, déclara lui-même qu'il reconnaissait dans Sliepan le personnage de l'empereur, et il le présenta en cette qualité aux Pobori et aux Braïtché. Cette nouvelle se répandit dans toutes les localités voisines ainsi que dans le Monténégro, et les chefs vinrent de toute part trouver l’aventurier pour savoir de sa bouche même la vérité de ce que l’on annonçait.

Stiepan leur déclara qu’il se ferait connaître en pleine assemblée, quand ils auraient mis fin à toutes les dissensions qui les divisaient. Les chefs conclurent alors des trêves qui devaient durer jusqu’à la Saint-George, et écrivirent dans ce sens à Stiepan Mali.

A la réception de ce document, celui-ci entra dans une violente colère, déchira le papier, disant qu’il avait demandé une. paix définitive et non point une trêve, ef refusa de donner toute espèce de conseils si l’on n’acquiesçait point à ses ordres. Cette énergique déclaration donna au peuple une