Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

30 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIEX.

Stiepan ou Tchepian Mali demeurait ordinairement à Mainé chez Vouko Markovitj; de là il se rendait de temps en temps au Monténégro, où il finit par s'installer, d'abord à Tsettinjé, puis à Niegoche chez Stanko Radonitj. Le motif de cette détermination était la crainte d’être pris par les Vénitiens qui ne voyaient pas d’un bon œil sa présence dans les Primore. À Niegoche il tenait une sorte de cour, convoquait les chefs, donnait des ordres, et fit même fusiller un certain Schnia Radanovitj de Doni-Kraï qui avait tué son propre frère. Ennemi juré du vol, il faisait placer de l’argent sur le chemin du bazar de Cattaro, défiant qui que ce. fût d'y toucher. î

Il prescrivait la concorde, imposait des amendes (globa), défendait tout travail le dimanche, régularisait en un mot les mœurs et les habitudes des Montagnards. Cette reconnaissance de“Stiepan comme empereur de Russie par les gens de la Montagne Noire porta ombrage aux pachas du voisinage et même au divan, d'autant plus que l’on accusait les Vénitiens d'y prêter la main de leur côté. Justiniani, ambassadeur à Constantinople de la sérénissime république, fut même obligé de donner à ce sujet des explications à la Sublime Porte. Mais le prétexte était bon pour prendre les armes contre le Monténégro , ‘et Mustapha III donna l’ordre d'attaquer la Montagne Noire de trois côlés à la fois.

En conséquence Soliman Pacha, vizir de Bosnie, s’avanca du côté de Niksitch à la tête de 20,000 hommes ; le beglerbey de Roumélie partit de Podgoritsa avec une armée aussi considérable, et enfin le pacha de Scutari, Méhemet Bouchatli, secondé par deux autres pachas, Doukadjienski et Djakovitchi, attaqua du côté de Plavnitsé avec 27,000 hommes.

La résistance des Monténégrins fut longue et désespérée; mais enfin le vizir de Bosnie et le begler-bey, après avoir dévasté les Pielopavitj, Piéchitsé et Biélitsé, vinrent camper à Tchévo; de son côté le pacha de Scutari ravagea la Tsernitsa. À l’armée ottomane, forte suivant Les uns de 100,000 hommes et, suivant les récits vénitiens, de 67,000 hommes