Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DOUZIÈME. 357

dence, confiée à Pétar Stephanow Voukotitj, beau-père du prince , achevait l’accaparement complet des volontés sénatoriales; car Petar Stephanow, maître d’une puissante influence, guerrier illustre, respecté de tous , ne pouvait que mettre au service des intérêts de son gendre les grandes qualités qui, depuis la perte de Mirko, ont fait de lui le premier des Monténégrins.

Jusqu'à la fin de l'année 1873, le sénat, bien que réduit à son rôle subalterne, conservait la satisfaction de se dire et de se croire le premier corps de l'État, quand la création d'un ministère, rêve du prince Nicolas, combattu par toutes les personnes sensées qui avaient été consultées à ce sujet, vint achever de mécontenter des gens plus favorables aux routines du passé qu'aux brillantes innovations gouvernementales. L'année 1874 a donc vu le pays entrer dans une voie aussi fausse que prématurée, en inaugurant un système ministériel que rien absolument ne pouvait motiver, si ce n’est le besoin pour le chef des Monténégrins de mettre entre lui et le sénat une nouvelle barrière que l'on püût toujours opposer à ce dernier, et de développer plus largement encore le régime des antagonismes. Ajoutons que le choix des titulaires ne tenant aucun compte des aptitudes individuelles, a donné, comme à plaisir, à chacun d'eux les attributions les moins compatibles avec ses capacités. On n’a pas même, dans cette création, fait grâce à une grande chancellerie qui n'avait, moins que tout autre emploi, aucune raison d'exister.

Parmi les réformes administratives qui ont signalé ces dernières années, nous devons rappeler encore, en 1871, l'institution dans chaque nahia d’un préfet, investi de pouvoirs assez étendus, aussi bien au point de vue